A la pointe du jour
Oscillant furieux sur le fil tranchant
Il écoute
Il sent
Ressent, vibre et amplifie encore jusqu’au tumulte plaquant d’un mur à l’autre sa chair vivante
Quand il s’écoute
Il entend le néant qui poursuit son cri d’hahuri agonisant, brutalisant ce chiffon de mort cadavre puant, l’improbable symphonie dantesque du silence suant
Les images cassées jonchent le sol après son passage
Il cherche un chant doré qui ferait sens
et s’efforce pour cela de hurler, glousser, tousser, suffoquer, trembler, hurler, rire, grincer, plier, céder, péter, gronger, chanter
Nul image
Nul symbole
Sur l’écran projetté au-delà
La fin est nulle comme un rien
Un instant perdu
Alors que grouillent et vibrent les tripes avides de sang, vers folie ou rapetissement
Comment marcher de ce pas de géant
Qui lie l’impossible et l’existance
Plus le temps de murir des poèmes
Plus le temps de cuisiner l’âme, la monter en mayonnaise
Sur le rasoir
En fil du vent, un climat qui danse,
un temps désinvolte, obscédant
Une mélodie sifflée depuis un transistor défaillant
Les routes encrassées de camboui comme les poumons de goudron le corps d’excitants
Oui il y a une vie !
Dans ces tripes encore, miam, miam, miam ! voyez-nous manger, baiser, sauter, ne sommes-nous pas vivants !
Et alors ! Où sont tous nos cruels escargots de guerre flamboyants, gravons la ligne acide du gluant, imprimons des cartes dans nos tripes battant
Plus loin, toujours plus loin, la folie à accomplir, noyez cette tête comme un nouveau-né vagissant,
Laissez briller, éclatant de lumière d’or, de feux ardents d’un bleu d’azur au souffle violet électrifiant, à la caresse orange et la mort rouge, enfin !
Sur l’écran droit devant, je casse une craie et j’emprunte un burin,
le tableau en morceau se refont
dans l’or, la flamme, les gaz suffoquons
Des eaux fumantes le métal vert irradiant d’inanité les souffles coupés courts devant la naissance
Oh ma petite âme tranquille, toi qui y voit toujours encore un conte d’enfant
Ogres et diablesses affinent leur finesse
Et le carillon riant cligne des billes au petit cri
Ici l’as-tu vu passer le charmant enfant ?
Il courait, distrait par on ne sait quel enchantement
Il le voit, tu l’attends, suis le en le taquinant
Petit soldat grinçant
Lâme de l’innocent
Tue merveilleusement
Assassin du temps présent
L’aube t’accompagne, perçant de rayons mortels verts et jaunes les derniers ronchonants
Paysages défillants, Lune en porte à porte, petits pas de géants
Tu quittes cette ville en l’irradiant
Du reflet sur tes canines
Du soleil levant