J’ai fait un rêve étrange, le dos calé dans un fauteuil rouge sang, arraché à la dernière rangée d’un cinéma miteux, cloué au beau milieu d’une clairière. L’herbe tendre qui encerclait mes pieds avait un goût de cendre, quelques fourmis jouaient entre mes orteils. Âpres sont les secondes qui lentement s’égrainent au cours d’un songe, mes canines ont rongé le temps. Je me retrouve sous le corps blanc d’un jeune poète, ses boucles rendues translucides par les rayons de Lune tombent sur mes joues et les chatouillent. On s’embrasse en rigolant, au son d’une corde grattée, ses lèvres sucrées découvrent mon cou, je me tortille sous ses caresses, un battement de coeur plus tard, il s’évapore. J’écarquille les yeux, deux points brillants sur une face blême, je continue seule à m’explorer. Dieu que cet album est BON! Ses titres, décomplexés, étirent leur insolence de longues minutes durant, et pas une fois l’ennui n’ose ramener sa fraise. J’ai plongé tête la première dans un court d’eau glacé, le dos couvert d’écailles. Des bestioles aquatiques m’ont encerclée en un concerto de bulles démentes, j’ai sorti mes baguettes et tapé de toutes mes forces sur quelques coquillages sous marins. Des petits bouts d émail giclaient dans tous les sens, torpille cinglante et boule d’algue dingue, les hippocampes en perdent la vue. Rêve démentiel sans queue ni fin, je me retrouve sous une couette chaude, dans les plus doux bras du monde, aux bouts desquels un grand sourire, mordu aux lèvres en maints endroits..