De gauche à droite, sa tête file, suivant une ligne invisible, lueur phosphate qui serpente sous son menton. Gauche, droite. Gauche, droite.
Nous sommes dans un vieux Londres et à New York, sous les débris du Mur, en dessous de toute histoire, bien plus bas que les rats et le réseau câblé qui alimente la mégalopole radieuse, froide, immobile.
Nous sommes en cet instant arrêté où l’homme tombe amoureux de sa machine, où tombent une à une les voluptés, où seule encore les glaces et la peur laissent à la nature et à l’homme un petit domaine de beauté.
Le Texte défile au rythme d’une hypnose dictée, Dieu est dans la poche, Lui et Sa Grâce capricieuse nous sont donnés. Voyez-Le à terre, en pleurs, nous implorer de ne pas encore l’oublier.
Mais sa tête continue de défiler. Gauche, droite. La Terre est oubliée, et quel que soit le domaine ravissant qu’il est maintenant en train d’explorer, rien ne sera plus pareil quand il faudra s’en détourner.
Sous la ville, Terre, dieux et Humanité nous ont quittés. Tandis que les tours pointent toujours ce même ciel, éternellement ahurissant, c’est vers l’enfer qu’ils descendent, paisibles et d’un pas entrainant.
Et ils n’ont plus même besoin de Satan. Enfin seuls, les enfants, uniques liens entre le Mystère et l’Existant, haïs depuis toujours et en tous temps, ils s’accumulent sous les immeubles suffocants. Enfants du grand appel à la vitesse, fils électriques et puces électroniques, rejets vomis de l’overdose, d’une mort dans l’orgie, ruissèlement et agrégat de la plus acide des oeuvres de la Folie, cette Grande Prêtresse, Mère de toute Pensée, source de toute Beauté.
Ils sont immobiles. De gauche à droite. L’Espace et le Temps dansent sous leur charme obsédant.