2005
Une petite troupe d’éoliennes astrales, plantées sur le sol Mercurien par une poignée d’irrésistibles pirates des Vents, se gave de brume et d’obscurité, silencieusement. Du plus profond des terres inhabitées leur provient une voix chargée de solitude, rocailleuse et forte comme le granit, qui leur murmure de s’abîmer dans le Néant, toutes âmes dehors, la peau rongée par le temps qui chante et gueule, fatigué de ne jamais mourir. 

L’album prend direct aux tripes, naviguant sans cesse entre des eaux boueuses, noires et suffocantes (sans reflet) et des eaux plus limpides, d’une pureté cristalline, source de jouvence salvatrice parcourue de riffs marquants. Avec Non Existence, par exemple, on tient  peut être le morceau le moins écrasant de l’album, tant le chant laisse des occasions en or aux instruments afin qu’ils éclatent et s’éparpillent, brassant l’air saturé de leurs cordes et hoquets fanatiques, poussés dans les limites gazeuses d’une existence sur le déclin. La douleur est palpable, aussi bien dans les paroles que sur les manches brisés des guitares, l’auditeur est compressé, broyé, retourné par cette vague d’annihilation finie à l’acide, ronge et grignote les ombres malades du fond de ton trou, inutile de cracher, Tellurique comme oreiller, recroquevillé au pied d’une de ces brasseuses de vent tendue vers l’Infini, la Terre en ligne de mire qui continue de tourner, pour qui? pour quoi? quand est-ce que le mécanisme s’arrêtera, fatigué ou bousillé? Seras-tu encore là pour y assister?