Loin de toi, je m’autorise à rêver, de nouveau. C’est ta silhouette qui renaît indéfiniment derrière mes paupières, nos mains s’entrelacent et fondent, éclaboussant l’univers et ses étoiles bouillantes. Toi qui revêts multiples peaux, et qui rêvaient à mille formes, promets-moi de te montrer moins amère lorsque je me réincarnerai en somptueux renard ; je porterai notre progéniture de renardeaux à même le dos, protégés par une forêt dense et fruitée, d’une infinie tendresse.
En attendant, je suis ici. Une femme, assise en face de moi, m’agace.
Elle se fatigue les nerfs sur de la mauvaise littérature, la pauvre. J’aimerais pas être dans son lit, entre les draps craquants et secs. La brume, dehors, tombe droit comme un rideau. Elle a perdu de sa candeur évanescente et coule cash, blasée, engloutissant bêtement le paysage, lointain souvenir. L’intérieur de mon crâne appuie ses vieux os contre mes rêves, de moins en moins doux. Tout se disloque et meurt, malheur à celui qui oublie de sauvegarder

Un homme sans visage (peut-on réellement dire que c’est un homme ? vaste question… Un veston noir, comme ses larges épaules, déborde sur son pantalon sans pli, râpé aux genoux) m’étudie à l’aide de ses deux mains, parcourant mon corps comme un antique chercher d’or fouillerait la terre de ses doigts durs, c’est ce contraste des textures qui me rend dingue, le contrôle s’impose et descend le long de mon ventre, il pose son semblant de gueule triste contre ma raison folle, relâchement de mes sens, j’emprisonne son dos de toute la lâcheté de mes deux bras.

Forgeons ! Ensemble

une ère nouvelle, gouvernée par les ouvertures, libre de royalement s’écrabouiller la gueule contre des coeurs de nacre, des croupes d’ébène, soutenons la masse grouillante et léchons toutes les âmes pleines ; à corps perdu je me jette dans la bataille, si ce que je ressens est chimère Pure eh bien TA MERE, je dompterai les éléments.
Sous l’urne bafouée, une poignée de Losers grelottent en tapotant fébrilement leur smartphone. L’un d’eux a un bout de bois de verre dans l’oeil, le liquide chaud et pourpre glisse abondamment sur son visage. Plus tôt dans la matinée, il s’est battu avec son père mort, qui n’avait pas les mêmes idées que lui. L’Ancien lui a collé son poing dans la figure, brisant ses lunettes, qui, en se défragmentant, ont pénétré mollement son globe, à la manière d’un couteau aspiré par une brique de beurre fondant.
La diversité de nos flux, c’est là tout l’intérêt de notre existence. Je suis dans tes bras parce que tu as capturé mon ombre, qui s’est mélangée à la tienne, comme une naissance, et je t’en remercie.

Tous rêvent à la plus grosse part – certains d’entre eux dans l’idée de la partager, j’espère. J’vous aime et vous déteste ! parce que vous m’avez remarquée.
j’agite bêtement mon corps et me surprends à croire, au rythme dingue d’une sérénade dorée, qu’il existe quelque part une femme belle, pour me dompter.
Les guitares du temps transcendent la mesure; je n’ai plus que mes dents, pour battre la brisure et je me noie, me noie dans le miasme de nos élucubrations… steuplé madame, accepte ma présence, je soutiendrai ton âme jusqu’à la mort, jte JURE ! n’étrangle pas trop, les opprimés. C’est toi, c’est toi qui tous les jours me brûle, avec ta verve, tes obsessions, par delà les nuages, j’entrevois l’alter-réalité. Et ça me plaît, t’entends ?

Oui ça me plaisait.

Tu m’as enseigné l’extase, j’ai jeté la patience, elle gît aux pieds d’un arbre triste, pas loin du tombeau d’une grande Reine oubliée. Tu voudrais bien m’accompagner encore un peu ? Toi qui nourris mon âme et la guide à travers ces Ténèbres glissantes, je ne te duperai point, au contraire.
La route n’a plus vraiment de début, demain est dépassé depuis des lustres.
Un peu de calme, à l’intérieur d’une petite cabane en bois, nous fait du bien.
Un chat, rond et joyeux, nous inonde de câlins.