La silhouette ronde et malhabile d’une vieille dame se dessine à l’angle de la grand’rue. 
Tirée par son chien surexcité, elle a du mal à préparer sa pipe : le cabot se cabre et aboie à en réveiller les morts, provoquant de fortes secousses qui tortillent la laisse, contraignant la vieille à éparpiller son tabac un peu partout, poussière de feu sur le trottoir, la voilà qui lâche une flopée de jurons acerbes, qui lui piquent la gorge au passage. 
Son clébard tire derechef, s’entaillant le cou à maints endroits. Ses coupures suintent sous le crépitement des lampadaires, armée bien sage de soldats aux longues jambes de métal, dont la patience, illimitée, éclaire les paumés du fond de la nuit, tu sais, ceux qui titubent après le verre de trop. 
Et toi tu regardes la scène non sans indifférence, lovée dans les bras de ton militaire bien avisé, « gaaaAAAaaaard’avous, troufions hystériques, ce soir, on passe à l’attaque » beugle un ancestral pirate à la jambe de bois; tu scrutes d’un oeil gavé d’MDMA ses vieux doigts craquer lorsqu’il serre son verre d’alcool, il se met ensuite à postillonner son whisky à la ronde, aspergeant aussi bien les déguenillés que les gens chics, qu’ils ont l’air cons, avec leurs alliances et leurs voyages, mais je vais te dire, petite , où que tu ailles, quoique tu fasses, t’auras toujours un truc coincé dans la tête, une petite image qui se floutera de plus en plus, ouais, mais une petite image quand même, appelle-ça gravure si tu veux, mais ton cerveau en est marqué jusqu’à la fin des Temps, et si t’avais ouvert ta gueule plus tôt, si tu t’étais bougée, on serait pas en train de se perdre dans ce trou noir cheloud qu’est devenu le présent, ce sale vaurien qui m’empêche trop souvent de sourire, heureusement qu’Elle est là, façonnée d’huile parfumée et de lave refroidie goût Macadamia Nut Brittle , étoile blanchie de caresses, vibrante d’espoir et délicieuse, qui n’a pas hésité une seule seconde avant de se jeter dans ce Vortex enragé qui boulotte  tout sur son passage ou presque, il reste bien quelques notes au creux de nos entrailles, oui mais , pour combien de temps? 
J’ai d’impériaux désirs qui demandent à être satisfaits de suite, hors de question d’attendre un siècle ou deux, qui sait par qui ou quoi nous serons écrasés demain, nos corps continuent tranquillement leur glissade silencieuse vers le Néant, sans remous, si bien qu’on serait tenté de se croire Immortel(le)(s) TU PARLES! On a tous une laisse qui nous brisera les os un jour, mourir d’Amour ou transpercés de balles quelle importance? Ce dont mes particules radioactives se souviendront, lorsqu’elles tintinnabuleront dans le Cosmos, ce sera de l’odeur de sa peau assouplie de sommeil dont je m’enivre à perdre haleine, et tant pis pour ceux et celles qui rêvent de m’oublier,
c’est les mains dans les poches, 
l’esprit libéré 
sous l’haleine des Comètes en approche
que je fredonnerai leurs secrets