L’esprit tournoie vers l’infini – des insectes insomniaques rythment la respiration du Divin, alors, lentement, l’aube avale ce qui reste de la nuit, le ciel a les joues pourpres. Les bêtes gueulent un peu plus fort, le tableau s’anime doucement, les couleurs pastels s’étalent. Le Temps. Austère. Impossible de le remonter? faux. Comme pour une horloge, il suffit d’un doigt *souffle* pour que le système se remette en branle. 
Reygadas a 2 heures. 
Hop, on ne s’attarde pas, les bols de céréales sont vides, toute la colonie se met en route, ‘on a des choses à faire dehors’. Telles des fourmis, précises et silencieuses, Johan, Esther et leurs enfants évoluent dans ce monde vivant de manière franchement monacale. Rustre. et troublante. « Moi aussi je t’aime », le regard est vide, les gestes froids.. Je trouvais Batalla en el cielo trop méticuleux, trop ‘fabriqué’, pas assez spontané, j’arrivais pas à me laisser emporter, Lumière silencieuse c’est tout l’inverse .La caméra voltige, on l’oublie, notre regard se perd dans les herbes folles. Quand enfin, il invitera sa femme à nager, l’objectif se concentre sur une fleur en bourgeon, seul le clapotis de l’eau nous rappelle qu’ils sont tous là, juste derrière nous. 

Economie du langage, économie des émotions mais débordements des sentiments, au travers des regards, des larmes, bravo.