David Robert Mitchell – 2015

Jolie gamine aux jambes crémeuses, pourquoi fuis-tu?
—–
Dos à l’océan, la silhouette, grignotée par les phares de sa bagnole,
annone de tremblants adieux par téléphone. L’halène de la nuit crépite
de milles parasites, invisibles insectes nichés aux quatre coins des
plans et le silence, étouffant, d’un coup de langue la condamne.
Sur la croûte sans sommeil de la chair adolescente, s’attarde un
objectif dont la placidité surprend ; la caméra sait se montrer
discrète, permettant ainsi aux corps de s’exprimer comme bon leur
semble, de se rouler en boule dans le coin d’une chambre ou de s’étaler ,
à l’aise, sur le capot d’une voiture. Le film s’impose par sa jeunesse,
amorphe, soudée, fourbe mais fidèle; les liens de coeur/d’égo, sont mis
en avant, et permettent au récit de se développer autour d’eux,
ondulant entre les drames personnels et la violence d’une menace
omniprésente, qui ne se gène pas pour transgresser les règles, étalant
sa haine hors-limites, flinguant la raison à coups de griffes
cannibales.
À l’heure du tout numérique, où les âmes adolescentes sont aspirées par
les écrans de poche et où l’on tweet comme on respire, balancer un
slasher nommé ‘It Follows’ sur les toiles est une putain de bonne idée.
La baise comme transmetteur et l’Autre comme ennemi, voilà ton calvaire.
Tes armes? La confiance aveugle de tes potes et le mouvement, se
déplacer, avaler la distance tout en supportant la fatigue qui croît,
inlassablement, étirant les chairs au maximum. David Robert Mitchell
nous offre son cauchemar en pellicule de sang, la peau usée par les
poursuites, suintante de chlore et d’espérance…