Nobuhiko Obayashi – 1977 





A l’instar du pâle reflet se fragmentant en mille morceaux sanglants, Nobuhiko Obayashi défonce la réalité à coup de poings, brouillant ainsi les lignes du temps, de l’espace et des couleurs, les formes , la gravité, tout part en latte, délirant bordel satanique craché par les yeux lumineux du Chat. Les membres découpés , dégoulinant de jus de pastèque s’agitent dans tous les sens, accomplissant cette valse délurée en rythme avec la bande son hallucinée, tout droit sortie de la queue du piano fou. Jamais la caméra n’hésite à nous dévoiler les choses les plus cintrées, offrant à nos yeux ébahis cette épatante échappée onirique, parfois kitch mais toujours osée, osant jusqu’au nu – et quel nu, dans un flot de liquides acidulés, quelques bulles de sang s’assoupissent dans sa chevelure – ne reculant devant aucun obstacle fantasmé.

 Kung-Fu, Fantasy et la belle mère de Gorgeous sont épatantes, gavées d’énergie à ne plus savoir qu’en faire, irradiant l’écran de part leurs mimiques, gestuelles mesurées / démesurées et autres facéties. Fantasy, symbole de l’éternel pouvoir de l’âme, vidée, épuisée se recroqueville, comme une enfant, contre un sein blanc, à la fois virginal et maternel, on y perçoit clairement quelques farouches tensions sexuelles. La belle et son amie se tiennent innocemment par la main, gravissant d’un même pas les marches du palais de l’Amour, ne doutant pas un seul instant de leur force commune, mais peut-on vraiment lutter contre les deux ogres que sont Attente et Solitude? Lentement, au fil du temps, à l’aide de leurs mains décharnées, ils ont construit, modelé, la « Hausu » de cette rancoeur fétide, à l’aide des souvenirs pourrissants, éradiquant , à grands coups de Haine dans le crâne, les moindres intentions célestes. Un monde unique est crée, qui se nourrit de sa propre folie et de celle des hôtes. « Hausu« , un microcosme fantastiquement glauque qui n’a qu’une seule envie : s’éclater.