Foxcatcher
Bennett Miller – 2015
Tassé sur son trône aux lignes massives ,
l’épervier toise la plèbe de son regard carnassier, la bouche
entr’ouverte sur l’objectif, prêt à engloutir l’Amérique entière, des
orteils à la poitrine .. Un jeune lutteur un peu groggy par les frappes
parfaites de son frangin, fraichement débarqué en hélico , trimballe ses
larges épaules inébranlables de pièce en pièce, imprégnant le parquet
ciré d’une odeur doucereuse de sueur au goût grisaille . Collant ses
mirettes au métal froid d’une paire de jumelles ambrées, le voilà qui
découvre la biche d’or, l’intouchable maitresse des lieux , juchée sur
l’échine de son cheval aux ailes tranchées – si l’on prête attentivement
l’oreille, à l’aurore, lorsque l’on se promène aux côtés des geais
moqueurs fraichement réveillés, on peut aisément déceler le piaffement
des montures faméliques, qui foulent dignement la semence égrainée par
les propriétaires des lieux depuis des siècles et des siècles.. Le
squelette du renard aux mouvements apathiques hante les immenses pièces
de la demeure, habitée depuis toujours par des effluves d’une folie
milliardaire bâtie à coups de mitrailleuse, de solitude et d’un dédain
princier pour tout ce qui touche au respect de l’homme, de son combat.
Le museau plongé dans un tas de poudreuse, le mammifère sent qu’il est
temps pour lui de fuir , de déguerpir le plus loin possible , mais pour
d’autres il est trop tard, les serres avides de l’Oiseau Fou sont
plantées au plus profond des chairs.
Foxcatcher , à la manière d’un
animal en chasse, s’immisce lentement dans les esprits, sans se presser.
Au fil des secondes qui s’égrainent et recouvrent l’immense propriété
d’un pelage froid de neige immaculée, le prédateur déploie ses ailes au
maximum, lacérant l’air de son bec, en un râle furieux . La lourdeur des
plans entrave quelque peu nos mouvements, impossible de se replier ou
même de souffler ; tête à côte irréel avec le diable, et, d’une prise au
sol fatale, se crash le volatile.. inconscient, il expose son corps
informe et disgracieux aux yeux de tous, espérant encore éblouir une
nation depuis toujours désintéressée, et que peut faire une petite
cervelle de moineau, face à cette infinie vague d’aliénation?
Il est
difficile d’aimer Foxcatcher tant il est farouche et pesant.. Pourtant,
une fois la chasse close, on se surprend à repenser à l’animal, et c’est
d’un doigt tremblant que l’on caresse la détente…
l’épervier toise la plèbe de son regard carnassier, la bouche
entr’ouverte sur l’objectif, prêt à engloutir l’Amérique entière, des
orteils à la poitrine .. Un jeune lutteur un peu groggy par les frappes
parfaites de son frangin, fraichement débarqué en hélico , trimballe ses
larges épaules inébranlables de pièce en pièce, imprégnant le parquet
ciré d’une odeur doucereuse de sueur au goût grisaille . Collant ses
mirettes au métal froid d’une paire de jumelles ambrées, le voilà qui
découvre la biche d’or, l’intouchable maitresse des lieux , juchée sur
l’échine de son cheval aux ailes tranchées – si l’on prête attentivement
l’oreille, à l’aurore, lorsque l’on se promène aux côtés des geais
moqueurs fraichement réveillés, on peut aisément déceler le piaffement
des montures faméliques, qui foulent dignement la semence égrainée par
les propriétaires des lieux depuis des siècles et des siècles.. Le
squelette du renard aux mouvements apathiques hante les immenses pièces
de la demeure, habitée depuis toujours par des effluves d’une folie
milliardaire bâtie à coups de mitrailleuse, de solitude et d’un dédain
princier pour tout ce qui touche au respect de l’homme, de son combat.
Le museau plongé dans un tas de poudreuse, le mammifère sent qu’il est
temps pour lui de fuir , de déguerpir le plus loin possible , mais pour
d’autres il est trop tard, les serres avides de l’Oiseau Fou sont
plantées au plus profond des chairs.
Foxcatcher , à la manière d’un
animal en chasse, s’immisce lentement dans les esprits, sans se presser.
Au fil des secondes qui s’égrainent et recouvrent l’immense propriété
d’un pelage froid de neige immaculée, le prédateur déploie ses ailes au
maximum, lacérant l’air de son bec, en un râle furieux . La lourdeur des
plans entrave quelque peu nos mouvements, impossible de se replier ou
même de souffler ; tête à côte irréel avec le diable, et, d’une prise au
sol fatale, se crash le volatile.. inconscient, il expose son corps
informe et disgracieux aux yeux de tous, espérant encore éblouir une
nation depuis toujours désintéressée, et que peut faire une petite
cervelle de moineau, face à cette infinie vague d’aliénation?
Il est
difficile d’aimer Foxcatcher tant il est farouche et pesant.. Pourtant,
une fois la chasse close, on se surprend à repenser à l’animal, et c’est
d’un doigt tremblant que l’on caresse la détente…