Vouté au-dessus de la meuble terre qui porte en son sein ses aïeux, Faron (gueule d’ange, teint sablé) tente de reprendre son âme en main. Cramée à diverses reprises par la came du Dehors, sa substance effraie le jeune homme, dont la frêle silhouette se noie dans un tshirt trop grand pour lui. Et que dire de cette bouillonnante jeunesse avide d’en découdre avec les vices extérieurs, qui se tordent tels des serpents de feu en resserrant leur étreinte autour des cous pâles. Amish de glace qui, assis au bord de l’eau multicolore réfléchit à l’avenir, l’harmonium soupire doucement sur les nuages — Boulettes de neige à la sortie de l’église, c’est dingue à quel point l’atmosphère est paisible dans leur village. Il s’est coupé les cheveux, son regard est fuyant. Pourtant les enfants jouent, et l’espace dans lequel ils évoluent constitue un tableau unique, original, en rupture avec notre expérience tangible d’avant l’extase. Une fille aux cheveux marron transforme son regard, l’adoucit. Ils s’offrent quelques instants de douceur, à l’abri des remous, confortablement enfouis dans leur citadelle de couettes colorées. Pourtant, comme un coup d’épée porté en plein coeur, Lucy Walker choisit de nous trancher l’Amour : préceptes torturés sur fond noir imperturbable qui broie et dévalise, les coeurs.
A l’instar des jeunes montrés à l’écran, qui s’ils le souhaitent, peuvent revenir aux sources après leur Rumspringa, on a le choix (en apparence, du moins), de ressentir ce que l’on veut en voyant ces images. Une large place est accordée au souffle du Temps, à l’admiration silencieuse de la nature telle qu’elle s’offre à nous, authentique, fragile et désirée .