Il arrose ses huîtres de champagne, au crépuscule d’une journée bleue. Sous la table, ses jambes croisées forment une masse étrange que j’ai envie de mordre et de secouer. Puis j’irai bien planter ma fourchette dans la chair molle de son cou, entre les plis sauvages qui dégoulinent. C’était la faim, la faim qui revenait et qui rongeait les nerfs, couvrant ma peau d’un voile blanchâtre, comme une méduse. J’ai du sable entre les dents et des projections de toi que consolent les nuages. Si le meilleur reste à venir, dis-moi pourquoi ton règne touche à sa fin ? T’as vaguement crainte de mes doigts plats, trouille d’écureuil au goût de cendre qui se retient de démolir — le monde tel qu’il était a dévoré nos rêves, avale-tout-cru des petits bouts de voix. J’ai été touchée par ton âme comme on est percuté par un cauchemar : en bavant beaucoup. La décadence de ces épaules qui surplombent ton dos en pierre m’apprendra à chanter. Jusqu’au bout de la nuit je gueule car j’me sens bien dans le boucan. Ils ne déconnent pas avec l’amour, ces petits instruments à cordes que l’on entend par-ci par là. Je tire sur tes moustaches de chat sans pouvoir dire si je suis folle ou pas, j’entends tes rêves qui disparaissent. J’aimerais que l’on me foute en terre avec tes deux oreilles, ta bouche et ta main gauche, quitte à gronder à revers comme si tu lui plaisais. Tu peux aller et venir à ta guise dans la boue sinueuse qui ne te fera pas frémir et embrasser le ciel de tes lèvres humides.
J’ai froid.