Etienne de Crécy – 2004

Il est de ces albums qui, objectivement, ne sont pas meilleurs
que d’autres. Pourtant, ils nous touchent instantanément, sans crier
gare, attisant d’emblée notre sympathie, parce que la première écoute a
lieu dans des conditions spéciales, intimes.

Ce fut le cas de cet album de Crécy, goûté sur le tard, plus de 10 ans après sa sortie.
Le corps calé dans le siège de mon auto, l’humeur écrasée par le
poids d’une journée pénible, j’insère Super Discount 2 sans trop y
croire, la mâchoire crispée. Après seulement 2 tracks, me voilà
conquise. Mes pupilles s’élargissent à n’en plus finir, me poils se
dressent à chaque réplique insolente de la ligne de basse qui s’en donne
à cœur joie, happant mon esprit bien au delà de l’habitacle.
Sans ce coucher de soleil aux reflets mauves, ‘Gifted‘ ne me serait pas apparue aussi pure et nécessaire;
sans le virage pris à très grande vitesse, la montée finale du morceau n°5 ne m’aurait pas autant affolée.
Une alchimie s’est crée naturellement, entre le bitume, mon humeur et
la musique, recouvrant tout le reste, n’existant que pour me
satisfaire.
Ce trajet, je le fais tous les jours, mais c’est la première fois que
je remarque ces toits, happés par de grands arbres sombres, dont le
feuillage marque le tempo.
Une première écoute spéciale, rien qu’à moi, un dépucelage en règle, donc, qui installe la galette au sommet de mes préférences.
Coïncidences IRL ou pas, d’façon, Crécy envoie la sauce, et se montre
assez malin pour étaler sur les 11 tracks de l’album, son immense envie
de nous faire bouger.