Juchée sur l’échine d’un loup aux pattes de feu, l’Ombre d’un cauchemar
renifle l’atmosphère, crispant ses mâchoires au rythme des tambours,
martelés par une armée de squelettes déments. Les instruments expirent
en une prodigieuse giclée de fureur, les cordes vocales de l’Ombre se
plient aux exigences du désespoir, constamment ponctué d’éclat au son
cristal, salive d’étoile qui résonne encore dans les boites crâniennes
de ces squelettes hypnotisés. La pointe de son épée racle la mousse
puante du terrier d’un lapin mort, les feuilles moites vibrent
doucement, poussées par des milliers d’insectes hagards et vénéneux. Le
loup pose ses deux pattes avant sur le visage d’une pierre, serein,
tandis que son Maitre hurle à l’Amort, mystique incantation apprise au
fond d’une caverne séculaire ; violée par la bêtise moderne, l’Ombre a
soif de vengeance . .