À l’écart de la Lune, couché sur un bout de rocher les bras croisés derrière la nuque et les petons à l’air, un jeune garçon rêve à cette vie prodigieuse qu’ont les Titans de Feu.
Pour avoir vécu quelques mois parmi eux, il a eu le temps de saisir l’essentiel :
comme trônes, des arbres de métal
comme chairs, des herbes phosphorescentes qui répandaient de minces filets d’ammoniac.
Mordus d’harmonies, ils se réunissaient à l’aube autour de Celle à la voix d’Or. Alors, les joues pâles du garçon s’embrasaient et son cœur cognait la rythmique céleste.
C’était une musique semblable à la foudre qui grésille, au poids des espoirs de ce Monde et à la dernière expiration d’un vieillard fatigué.
Chez eux, tout le monde dansait à cœur ouvert, les paumes tournées vers Saturne, comme pour frôler ses anneaux de glace.
Leur destinée rayonnait depuis des millénaires et permettait aux égarés de retrouver un semblant de route à parcourir.
Ils l’avaient protégé d’une mort stupide et avait rempli sa tête d’allégories gourmandes.
Jusqu’au jour où —
La mer entame une comptine douloureuse qui couvre ses souvenirs d’écume; il se redresse, le ventre noué, la gorge pâteuse.
Autour de lui, les vagues remuent frénétiquement – ses yeux sondent les profondeurs. Stupéfait, il aperçoit des reflets rouges qui se tendent et se rétractent comme inspirés par le halètement d’une bête affamée.
Ses jambes ont fondu, sa tête fume de trouille et voilà qu’un banc de poissons le scrute d’un œil mauvais.

Non aux hurlements des décimés !
Je dois garder ma conscience nette et l’âme intacte pour qu’Ils puissent me retrouver – un jour – même si mon corps n’a plus d’odeur ni de forme ni de raison d’être.
ô combien je vous aime, la pupille rétractée,
alors que tous les hommes se perdent,

le jeune garçon pose son front contre la pierre – il meurt.

Si ces Titans de Feu sont aussi vaillants que dans ses souvenirs, c’est à ce mix qu’ils ressemblent : morceaux organiques à la respiration luxueuse, on peut
quasiment palper les rythmes et les notes de nos doigts. En fait, j’ai ressenti une sorte d’apaisement tout le long du voyage, jalonné ça et là de passages franchement épiques.

Coco Bryce mixe aussi bien qu’il compose, un fait assez rare et précieux qui se doit d’être souligné.