le
visage barré d’une mèche ébène, la voilà qui projette son regard hors
le cadre, sondant les Abîmes dans lesquels on plonge dès la première
note. Propulsés à l’ère de Survie, les mains tâtonnant le Vide, une
colonne d’êtres anéantis tentent de s’y perdre. Black Rain , Maître des
lieux, prend son temps pour guider ces âmes en peine, élaborant des
nappes de sons, nappes de fureur, rendant ainsi l’atmosphère palpable,
acide et métallique. 
Au
détour d’une pulsation , s’élève un murmure emprunt d’une féminité
quasi-mystique, pétrifiant les voyageurs, malaxés de l’intérieur .. De
nouveaux organes palpitent et cognent contre leurs chairs, la rythmique
folle de leurs pensées s’active . Bourdonnant tels des insectes
ressuscités, on peut voir leurs ombres se fracasser aux murs rouillés ;
certains lèchent les parois, déchirant leur fine couche de peau sucrée –
que suinte leur rédemption ! 
Aussi brutal qu’hypnotisant, Dark Pool est
un album qui se donne à fond, intimement, même, sous forme d’un
fascinant voyage aux confins d’un monde gouvernés par l’abandon