L’ennui magnifié trimballe sa silhouette tordue par les caprices du Temps d’un plan à l’autre, sans sursaut, aucun. Les corps sucrés de femmes pleines défilent tristement sous l’oeil hagard d’une caméra flegmatique dont les jointures en caoutchouc craquent tristement. Un lit fait de contours en bois sombre, brille de mille éclats gluants, et s’écrase mollement contre le mur froid de la chambre d’une pute : l’enfant se pose dans le couloir en attendant. Plantée là, courbée sur la moquette à la manière d’un automate mû par une précision fanatique, la môme déboule à l’écran de manière cyclique, rappelant les levers de soleil auxquels on ne prête plus attention. Pourtant, l’astre nous nargue de son immobilisme bouillonnant, chaque jour, ses cheveux mordorés brouillant le ciel avec Amour. Sans crier gare, un sourire se dessine sur la tronche de l’abruti rêveur, qui, le temps d’un jeu ou deux, retrouve le feu crépitant de son innocence dupée. Les joues baignées de larmes pâles, c’est un homme inconsciemment étranglé par la bassesse de son âme que l’on retrouve à faire des pâtes, des putains de pâtes enrobées de sauce rouge, écrasées de silence. Un col de chemise blanc, immaculé, cache sa nuque folle et c’est sur son noir destrier à moteur qu’il arpente une dernière fois les veines saignantes de son existence au rabais.