L’arche métallique dévore des kilomètres de rails aussi frénétiquement
que les crasseux du dernier wagon leurs protéines gluantes. Sous la dent
malicieuse d’un gamin joueur, une balle, évident réceptacle de mots
déclencheurs de Révolte, est précieusement recueillie par les mains
coupables du (ridicule) chef Curtis. Les laissés-pour-compte crient
Vengeance, la Rage, ancrée dans tous les corps même mutilés bouillonne,
des plans pénibles d’explications douteuses s’enchainent et.. Les portes
du Wagon s’ouvrent enfin, la fine barrière à blanc qui retenait les
pauvres bougres dans leur ghetto est franchie, les hommes et femmes
courent en glapissant, bondissent en s’égosillant. L’ossature de la
machine est alors décortiquée : surprise, son estomac ne réserve rien
d’inouïe, accumulant même les facilités scénaristiques sur l’autel
bafoué du grand Spectacle. Qui, pour être intéressé? Le petit Créateur,
en peignoir babillant, se joue de nous. Seul couple captivant, le père
et sa gamine, indéchiffrable silhouette à l’esprit ravagé par la came;
entre leurs doigts agiles s’effritent les cubes explosifs, se glissant
dans le mouvement perpétuel du train dans le seul but de Survivre, pour
de vrai, pour de bon, s’éloigner à tout prix de ce Transperceneige
fumeux, débile et dérisoire.