L’espace qu’il y a entre eux et moi, c’est la liberté. Elle a les jambes fluettes, agiles – et le visage d’une reine. Du genre qui conquiert des empires en maniant mieux les armes que ses propres soldats. Elle dit non à l’amour bête des hommes et préfère consacrer son temps à la nature. Ses mots, incendiaires, me font l’effet d’une danse en tête à tête avec l’Immortalité. La mort et elle ? ça fait des lustres qu’elles se sont acceptées. Une discussion tranquille autour d’un verre, des promesses franches, pas de bobards, un contrat clair.
C’est ton amour pour la musique qui te perdra.
Elle avait absorbé cette prophétie un tantinet macabre sans sourciller, le cœur gonflé d’orgueil. Si ce qu’elle chérissait le plus venait à la tuer TANT MIEUX ! à quoi bon passer sa vie à se planquer dans quelques cryptes ou mausolées, quand on peut goûter au divin en plein soleil, les pieds trempés de sable brûlant ?
Sirāt n’est autre que la mise en image de cette prophétie.
Certains n’y verront qu’un récit dévastateur et sans pitié, tandis que d’autres y reconnaîtront leurs songes, s’y sentant bien.
La fin est proche.
Ça fait d’abord l’effet d’une déchirure. Et puis, peu à peu, on l’apprivoise timidement, jusqu’à la désirer totalement comme un tatouage féroce ancré dans la peau – sans regrets et sans remords, voilà comment ma Reine décide de s’en aller.