Hitoshi Matsumoto – 2011

Allongé au bord d’un lac enrobé de pénombre, le samouraï déchu panse ses
plaies – les mains habiles de sa progéniture parcourent ses omoplates,
couvrant les déchirures de plantes médicinales. Le trou béant de son
fourreau suinte la peur et lui rappelle à chaque regard sa condition de
banni, l’ombre de sa femme perdue à jamais le hante, triste bonhomme à
lunettes en fuite, perpétuelle, jusqu’au jour où.. Sous les yeux éteints
du prince Meurtri, Kanjuro Nomi s’éveille enfin, déployant une énergie
surhumaine pour tenter de lui arracher un sourire, ne reculant devant
aucune pitrerie susceptible d’éveiller l’intérêt du jeune garçon. C’est à
cheval sur une poutre mécanique ou bien encore au creux d’un canon
géant que l’ancien Samurai déjouera les plans de la Mort, lui décochant
de multiples pieds de nez, osant même lui faire face et la heurter de
plein fouet. Habilement, Hitoshi Matsumoto insuffle à son oeuvre un vent
de douce folie, une brise théâtrale des plus rafraichissante, sans
jamais tomber dans l’overdose. Les sourires s’esquissent timidement
tandis que les regards pétillent, tout est question de patience et de
contraste entre les corps recroquevillés et celui qui explose, le
mouvement continu comme arme tranchante contre l’oubli, quelques gouttes
d’imagination feront-elles taire l’Hara-Kiri?