Howard Hawks, 1959

Le tintement d’une pièce sournoisement jetée dans le crachoir, accompagné par le cliquetis du chien d »un Colt que l’on arme, la balle fuse, l’homme s’effondre, la trame est posée, à nous de sauter dans la diligence en route. Joe Burdette, coincé derrière les barreaux, lance des regards assassins, crache sa haine mais heureusement, le vieux Stumpy ne se laisse pas impressionner, à lui de balancer vannes et remarques malignes, et la longue garde commence, ponctuée de coups de feu, d’éclats de rire et de tendresse, avec toujours cette merveilleuse maîtrise des dialogues et des plans. Que ce soit dans le choix des couleurs ou des détails, Hawks nous en colle plein la rétine, modulant la lumière de telle sorte que toujours, ses personnages rayonnent; Angie Dickinson, éblouissante, dégage une énergie telle qu’on en oublie la poussière et les gun fights quelques instants. Le sujet est passionnant. Le Shérif, Chance, homme droit tartiné de discipline, tente du mieux qu’il peut de préserver sa ville du terrifiant Burdette, dont il vient tout juste d’emprisonner le frère, l’attente est longue, jusqu’à l’arrivée des ‘hauts-placés’, mais Chance n’est pas seul:le vieux Stumpy, Dude l’écorché – d’amour et d’alcool- le jeune Colorado, la magnifique Feathers et le drôle d’hôtelier Mexicain, tous unis contre la menace Burdette, alternent rondes de nuit, parties de poker mouvementées, discussions intrigantes et dialogues amoureux exquis, yep’, ils ont de quoi faire.

Get along home, Cindy Cindy.
Get along home, Cindy Cindy.
Get along home, Cindy Cindy.
I’ll marry you sometime. 
Incroyable, cet attachement qui naît et se développe au fil du film, jamais personnages n’auront été aussi bien dépeints, avec autant d’aisance et de psychologie. Feathers, est-elle si sûre d’elle? où n’est-ce qu’une façade forgée à coups de plumes et de sourires joviales en vue de se protéger? Dude, excellent tireur, guérira-t-il de ses blessures grouillantes d’alcool et de remords? Rio Bravo touche des sommets de narrativité rarement atteints, la bande son, non plus, n’est pas en reste « Cindy hugged and kissed me, She wrung her hands and cried Swore I was the prettiest thing That ever lived or died » épatante, la scène où, les 3 protecteurs aux Colt chargés chantonnent, à l’unisson, sous l’oeil pétillant du Shérif Chance, touché depuis peu par le noble sentiment Amour, petit à petit, il se décoince, toujours un peu maladroit mais passionné, le baiser, quel baiser, les mains d’Angie Dickinson et son sourire.. Waow.

Dans la ligne de mire, Colorado vous montre comment tirer, la rue principale de la petite ville, du dehors  vers la prison, entre les deux? un seul obstacle: Dude, posté à l’entrée. mais..