Le lion secoue sa crinière, hume l’air tranquillement, fige son regard dans celui de l’Adversaire, rugit.. ‘OUT‘ les griffes, lacère avec rage son enfance, son avenir, ses espoirs, sans jamais pourtant abîmer ni sa force ni son intelligence. John le prodige . John l’élève appliqué mais surtout, surtout, John le fils. John le frère. Bouffé par ces deux êtres à peu près toujours absents, redoutables fantômes d’une vie léthargique, John le Nerd veut en finir avec tout ça, say hello to John le Neds, marchant dans les traces boueuses et sanglantes de son frère, rock-guerrier de la jeunesse paumée, John le Neds tape un énorme doigt à tous ses livres scolaires, manuels et ces foutus classes composées selon le ‘niveau’ de chacun. John le Neds fume une taffe qu’il a peine a recracher, s’efforce de pas tousser, bois un coup, allez vas-y, t’inquiètes. Lame de couteau froide au plus proche de la chair, évangélique duel contre le fils de Dieu dont il sortira guéri (?), John s’attaque AU plus gros prédateur de la ville, son père, fallait-il obligatoirement passer par tout ça pour oser? sans aucun doute. 15 livres pour libérer la fureur de vie et de mort dégagée par Neds, c’est bien peu payer. 

Et on est là. 

A regarder la Cène à la manière de la frangine éponge quasi muette qui subit, subit, sans jamais se plaindre. Figures féminines en demie teinte, mais UNE tout de même absolue, première fois au détour d’un chemin, lèvres fraîches contre babines rageuses, John (Conor McCarron) éblouissant.