La fille au Dragon noir, ancré dans sa peau, ‘it’s on foreever’ comme dirait Scratch Massive, l’homme à l’avenir flou, l’a plus grand chose à perdre – la fille et le mec se croisent, s’apprivoisent, par écrans interposés, réfugiés dans les bras l’un de l’autre, protégés par d’épaisses volutes de fumée ANIMAL..La fille aux reins brisés, sur lesquels s’échouent ses rêves, mornes et desséchés, à peine plus doux qu’un viol..La trilogie Millénium, journal tenu par petit groupe d’intellos paumés, naïfs mais honnêtes dans leur démarche fait -quand même- beaucoup penser à la Trilogie Pusher. Point de vue qui change au fil des films, l’action qui disparaît totalement de l’image, parfois 1 heure durant, pour d’un coup, au détour d’un plan sombre et crispant, resurgir à la gueule du spectateur , un peu comme un prédateur rusé qui, patiemment, attendait son heure tapit dans l’ombre du Hors-Champs… Parfois agaçants, souvent touchants, les personnages RENDENT cette trilogie intéressante. (car disons le franchement, l’enquête dans le 1 n’est qu’un prétexte, un rouage, indispensable à l’épanouissement des protagonistes) La manière dont Niels Arden Oplev traite ses personnages est bien plus bestiale, plus abrupte que le coup de caméra de Daniel Alfredson, qui s’octroie le droit de nous dévoiler des facettes plus intimes, en creusant profond, mais les défauts, des 2 Millénium d’après, sont le piège de l’empathie et de la caricature, dans lesquels il ne faudrait tomber, sous peine de s’ennuyer ferme. Les méchants deviennent trop méchants, les gentils un poil trop touchants.. Le Dragon se laisse plus facilement approcher par le spectateur que prévu, c’est un peu dommage, mais quand même, quelle immense actrice, Noomi Rapace, qui porte bien son nom, elle qui, de ses deux ailes noires -tout comme ses yeux, troublants- balaye tout le reste et s’impose, telle une évidence divine, comme LA figure centrale de ce microcosme ahurissant de complexité.
Barrière franchie, esprit perdu |