Jane Campion – 1993



Portée par des vagues furieuses aux notes muettes, celle qui observe s’échoue en terre inconnue, entourée de son Piano et de sa fille, ultimes fragments du grand amour perdu. Du plus profond de ses grands yeux noirs, Ada – à la manière d’un métronome un peu fou– marque le décor, scrute les contours, en rythme toujours, divines portées sans fin, définissant la cadence du spectacle, cette immense pièce passionnée se joue ici et maintenant, devant son regard flou, brouillé par les souvenirs.. La confrontation avec le monde sauvage – avec la Vie – s’annonce brutale, mais, s’armant de courage et de patience, aventureuse , comme un gamin, Ada accepte le chantage, Ada se prête au jeu. D’une simple pression sur la note de Coeur , la virtuose invoque un océan de sentiments passionnés, colère, amour, désir, jalousie, haine, peine : tous se broient et aboient, aux abords de la maison en bois, où résonneront les corps, où s’uniront les êtres, où lentement le mutisme mourra.