A contre jour, cœur contre cœur, les deux silhouettes,enveloppées dans une discrète pénombre, s’aiment en souriant. Breezy, légère et fulgurante, s’immisce avec une simplicité déconcertante dans la vie de Frank, le mec sérieux et solitaire. Contact fracassant entre la gamine et ce Don Juan bosseur au regard d’acier, placides prunelles dominées par d’épais sourcils froncés vers la déprime, l’austérité qui se dégage du monsieur impressionne. Eastwood dirige d’une main experte ses deux acteurs, trouvant toujours l’angle parfait où poser son objectif, à l’aise sur le siège d’une voiture, entre les pliures d’un drap,en contre bas d’une dune où l’amour éclot , triomphant de l’ennui, distillant son énergie d’un bout à l’autre de la bobine. Le gouffre séparant les deux amants module sa gorge profonde au gré des humeurs, en un frisson, le voilà franchi, les corps se lient, l’épiderme frémit… Le vieux toutou au regard triste s’avance en boitillant, pose doucement sa truffe contrela jambe de son incarnation humaine, gémit mollement et frétille d’amour lorsque Breezy caresse son échine, tout en douceur, tout en riant.