Oser ouvrir un album de 2022 avec un morceau intitulé Happy New Year relève du génie. Moi qui peine à sortir de ma torpeur post-fin-du-monde, j’accueille cet acte de bravoure avec amour et la bizarrerie de la situation attise ma curiosité, à grand renfort de synthétiseurs dégoulinants d’espoir.

Un rapide coup d’œil à la pochette confirme mes soupçons : ces deux nanas ne vieillissent pas, sœurs électriques aux caprices translucides, charmées par des tempos qui semblent sortis tout droit d’un rêve. Les voix, bercées avec douceur par une tripotée d’instrus douillettes, croquent notre Innocence avec appétit, révélant ainsi toute une face de nos âmes que je croyais perdues.

Écoute !
C’est pour la Mère de toutes les craintes,
couchée dans l’eau glacée d’une rive imaginaire
Le visage adouci…

Le cou tendu par-dessus ton reflet, je m’enivre du parfum des mots que tu murmures – la vérité s’étire et se cache entre les aiguilles de pin, bifurque dans les ronces pour finir sa course au beau milieu d’un bataillon d’arbrisseaux, les joues gonflées de myrtilles.

Two Ribbons n’a pas la prétention de nous retourner le bide comme jamais, ni même de nous proposer quelque chose de fondamentalement nouveau, perché ou cérébral. Pire que ça, on le croirait presque sorti du top 50 Américain début années 2000, sacro-sainte époque un peu ringarde des filles aux cheveux noirs qui chantent du (mauvais)rock mais qui font vibrer nos petits cœurs adolescents…

Mais !

Ce disque nous offre une escapade tranquille et teintée d’innocence aux côtés d’une jeune fille en fleur, la main recroquevillée dans la sienne.