À l’endroit où les ombres ont vomi leurs querelles, deux rats se battent, s’arrachent des touffes de poils, roulent dans tous les sens et mordent la poussière. Je traîne dans leur sillage depuis que tu m’as oubliée, les bras noircis de souvenirs tombant le long du corps. Je vais passer le reste de ma vie à souhaiter la Mort des choses fragiles – j’ai tes yeux dans la tête et des rires sous la peau, et dans la frénésie d’un soupir de métal, les arbres se couvrent de neige. Un nuage électrique monte la garde à quelques centimètres du plancher, gaffe aux échardes oubliées entre les lattes, nos corps ont perdu leurs carapaces.. J’ai la gueule imbibée du souvenir de nos errances et les doigts rouges qui dégringolent une pente abstraite, chatouillée par les rayons d’un Soleil fautif que je ne reconnais pas… J’arme mon poing de bullets en argent et fixe l’immense tour et sa colonne dressée, peut-elle être infidèle ? Tes yeux remplis de sel ne voient plus rien, tu les jettes dans le fleuve en grimaçant. Une truite grasse, dont les écailles luisantes reflètent la lumière en mosaïque à la surface des flots, ne fait qu’une bouchée des deux billes azurées ____ je n’ai plus rien à perdre alors je tire une première fois en l’air, les rats sursautent et leur peau criblée de croûtes frémit silencieusement. Leurs museaux, triangulaires et menaçants, pointent dans ma direction. Un silence de plomb a coulé nos 4 silhouettes d’une chape de mazout indolore, une seconde d’éternité s’écoule, les rats semblent hésiter, sondant le hasard du bout de leur queue, les yeux rivés vers le Néant. Il a une bouche affreuse qui lui mange la moitié du visage et des orbites lugubres qui grésillent. Sans bruit, il tend ses bras en direction du peloton d’âmes égarées que nous formons malgré nous, l’épiderme brûlant d’une envie folle d’en découdre, alors, un cri s’échappe de ma gorge, éventrant le Silence d’un coup d’épée précis. La lame est chaude, le pommeau moite me glisse des mains – les rats ont les narines qui palpitent à la lecture solennelle de la dernière page du dernier Ouvrage.
Encore quelques instants tranquilles avant que tout ne s’————____________________________………….