Oh quel gâchis…

J’ai failli arriver en retard, ce matin bleu. La cause ? Une panne de téléphone relativement crispante, à quelques minutes d’enfourner ma voiture et de filer. Mon salopard de téléphone, avec son écran fendillé, qui s’était amusé, pendant la nuit, à supprimer toute la musique de sa carte mémoire et me voilà à poil, sans un murmure, les yeux brûlant de haine envers cette foutue technologie bancale. Un volet grince et tape contre le ventre de la baraque tandis qu’une armée s’échappe d’un vieux tonneau de bois. C’est pas vraiment l’été puisqu’il pleure dans mon âme comme en saison mouillée – l’automne et son ombre digne, mon mois mon odeur, n’a plus de force, et moi, j’ai plus trop envie.

Et pourtant…

à quatre pattes, je cueille délicatement les escargots qui chaque matin, traversent la route empruntée par une centaine de pieds pressés. Heureusement, j’arrive dans les premières, et je me prends le temps qu’il faut, afin de les sauver tous. J’en ai vu 2, hier, qui se faisaient des bisous. J’ai pas osé les interrompre, alors j’ai tracé autour de leurs deux carapaces un petit cercle de brindilles et de verdure, ainsi, pas d’excuse pour ne pas les éviter.

J’ai mal au genou, un trou au pantalon, à force de le poser à terre. Dis-moi, toi qui ne me connais pas encore, combien de temps nous reste-t-il avant de nous faire du mal ? Tête baissée dans les lacs profonds, le cul entre les herbes enchevêtrées, sur les divans de madame ou bien sous le sabot qui craque, je reconnais toujours les mêmes lignes, tracées dans la poussière par l’ongle d’une femme fatiguée. Je finirai seule, recroquevillée dans un coin de ma mémoire, sous le tableau bleu/vert représentant cette après-midi de joie simple, avec Jésus et sa mère pâle. Assise près du ruisseau, elle caresse un petit agneau calme, et lui, son fils, a le regard perdu dans le vide. Contre ses joues, des grappes de cheveux emmêlés s’amusent et se cajolent, que celui qui n’a jamais menti à son propre coeur lui jette la première pierre — Le cylindre inférieur de la gorge déployée est en plastique. J’ai beaucoup de mal à avaler.

J’essaye, encore, et toujours, clopin clopant, ça ne s’arrêtera jamais.