DJ Mehdi – 2002

Qu’il est bon de se replonger dans des albums écoutés et adorés
il y a perpète, au hasard d’une prospection dans les piles de disques
pas classés , engourdis par le sommeil depuis trop longtemps..
Une ombre sans identité, bouillonnante d’ennui, colle ses extrémités
aux murs d’une ville fantôme, crépitante de vide. L’haleine de ce mois
d’Aout, moite comme jamais, la suit de près. C’est au détour d’un petit
square inoccupé qu’elle aperçoit un banc délabré, à l’ombre d’un arbre
fatigué, noueux. Une colonie de fourmi chill peinarde, au pied du tronc.
L’ombre étale ses formes imprécises sur ce siège de fortune, savourant
la fraicheur de l’endroit. Entre les contours de son esprit résonnent
les morceaux d’un album tranquille et maitrisé, d’une générosité sans
bornes. Au fil des tracks, l’animal qui l’habite oscille et modifie son
squelette au rythme du saxo languissant, agitant ses pattes à la suite
d’une série de beats rondouillards, ouvrant sa gueule d’MC cramé, posant
ses textes subtils et éphémères, à l’aise d’un bout à l’autre de
l’album.
Perdue dans ses pensées, l’ombre ne voit même pas l’astre qui
disparait à l’horizon – sans faire de bruit, elle s’évapore dans les
Ténèbres…