Tommy le kid a souvent eu ce disque entre les mains, mais , rebuté par l’artwork  –dégueulasse , il n’a jamais jugé bon de le foutre dans un lecteur quelconque et de l’écouter. 

À 25 piges bien tassées, Tommy écume encore les clubs cradingues et autres salles peu fréquentables, la clope au coin des lèvres,un doigt caressant les pilules qui s’entrechoquent dans la poche de son jean.  En indécrottable chevalier nocturne, le voilà qui se prépare à poursuivre sa noble quête du Son dans un sous-sol miteux, l’estomac du Mal. L’esprit ankylosé par des rafales de Jack D’, il s’adosse contre le premier mur à sa portée. Le bide en vrac, Tommy a du mal à regarder les ombres qui dansent sans être secoué par une nausée Sartrienne.
Les notes gigotent pêle-mêle au creux de ses tympans, son esprit dévie de quelques centimètres; il presse une main contre ses lèvres, pilule gobée, question d’habitude, en avait-il vraiment besoin?  

Le rythme s’enlise dans une mélasse couleur overdose, Tommy chancèle et dégringole de son mètre 80..
Une illuminée au regard de braise s’agenouille près du garçon et tente de lui faire boire quelques gorgée d’eau, salvatrices.
plus rien ne passe, c’est le burn-out total dans son esprit.
Et puis soudain..

Un ouragan de kicks énervés lui souffle la tignasse, [Hurricane], débouchant ses oreilles . Du brouillard s’élève une voix rebondie par un accent african-libre, [Black Pearl] lui chope fermement le bras et le redresse, rugissant de rythme. Tommy sautille jusqu’au milieu de la salle afin d’y remuer son corps en transe ; [Amazing Dread Club] lui insuffle ce qu’il faut de légèreté , afin de bien se remettre les idées en place. Il n’en loupe pas une miette, ondulant sa colonne os à os avec le synthé téméraire, énervé qu’un aussi bon danseur n’ait profité de sa puissance avant ce jour.

L’épopée s’achève sur un canapé défoncé à la came que Tommy squatte allègrement, avec la jolie fille aux yeux de feu, Electrocaine de Pills dans les oreilles, une main sous le t-shirt trempé de sa compagne, [Rock Me] se fait alors entendre, laissons-les s’éclater!