De tous les reflets abandonnés
C’est le tien que l’Amort préfère

Son molosse aux dents de métal se plait à lécher tes joues translucides, moites d’avoir trop pleuré

Souviens-toi de toutes ces occasions manquées
Et regarde ce qu’il en reste , à présent. 

Aucun fleuve à remonter , pas un ruisseau,

que t’avale le Néant !

Quant à celle qui t’a offert son chant
Aux pieds de la Mer immense et incertaine
Elle se tient, saine et sauve, hors du temps
Caressée par des vagues brunes – sang de sirène

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Si tu tends ton cou vers l’horizon, tu apercevras l’avenir. C’est dans un parc peu fréquenté que ton regard s’arrête. Sur un vieux banc en bois de rose, se tient une ombre, courbée sur un sac en plastique.
La vieille marmonne des trucs en pelant un fruit abimé. À chaque bouchée, elle recrache des bouts de peau flétrie et des pépins. Son regard verdâtre, brouillé de solitude, observe les Ténèbres. À ses pieds, un petit jouet de bois penche la tête sur le côté, en pleurant. Du fond de son coeur la vieille crie à l’aide, même si sa gorge ne peut produire de notes, ses entrailles se déchirent à force de se tordre, son âme, pour toujours d’une jeunesse éternelle, tente de s’échapper par les trous que les Os tranchants ont réussi à forer. 
Mais c’est en vain que la vieille se fatigue, car il est trop tard. 

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Lorsque les silhouettes d’Antan se seront toutes dévorées
Au crépuscule d’un Dieu il faudra alors se rendre
Jamais je n’aurais deviné que cette main, j’aurais dû la prendre

Ô Temps farouche et obstiné,

Préserve à jamais cette passion tout entière
Que chaque nuit j’y revienne, juchée sur mon refus d’hier
Et que la Mort me bouffe, en échange de ta Liberté