J’ai rangé ton amour dans un coin de ma tête, pressée d’en finir :
Les corps vibrants tout droit sortis de l’Ombre extatique de ce disque à la structure minimaliste ont mangé tout l’espace. Danse éthérée sur fond de crissement de pieds sur parquet lustré, Matarnos m’a fait perdre la tête complètement. C’était déjà bien parti avec la pochette effrontée aux courbes exquises : accrocher le vinyle au-dessus de son lit, allumer une cigarette et se noyer dans les nappes hypnotiques de CULO, DENBOW SUENA, les basses grésillent pile ce qu’il faut pour planer, ma chambre se change en club tropical gonflé de corps en sueurs qui se collent les uns aux autres, se mangent et s’avalent, deux paumes assurées sur des hanches chocolat, pas besoin de came quand on a LA bonne musique : Kelman Duran a trouvé le truc, c’est entêtant et agréable, assez subtile pour ne jamais s’ennuyer et assez animal pour s’y sentir particulièrement libre en ces temps compliqués.

J’ai vraiment l’impression de ne faire qu’un avec ce disque : il m’habite tout entière, me faisant onduler au gré de ses soupirs et délicieux remous, sur Plastika il y a littéralement une voix qui se transforme en plainte cuivrée et se confond avec la plainte d’un astre bleu, je veux dire, ça tutoie les étoiles en douceur et ça te colle une furieuse envie de danser ou de faire l’amour, peut-être bien les deux, quelle incroyable découverte.