Joann Sfar – 2010 




Mes doigts sur le piano s’agitent, 
laisse-toi porter par mes mélodies, 
enveloppés de fumée nos corps s’unissent, 
sur ta peau d’argile ma langue glisse 


– ne t’effraie pas, danse et chante avec moi 
– Moi la grosse tête de juif débraillée, fou d’amour, ivre de révolte – 


Toi, ô femme de mes rêves, apporte-moi l’inspiration, 
la passion, 
à quatre pattes j’aboie ‘belle, belle, mon petit chaton’ 
C’est plus fort que moi,
je t’aime, j’aboie, ‘ma belle ma belle, regarde moi’. 


Tout contre moi ton corps ondule, 
tes petites jambes rasées s’échappent d’une courte jupe,
la Javanaise me souffle ce délicat soupir alcoolisé, 
AAAh, je tremble que tu ne m’épouses, 
toujours, 
jolie gosse fossette, allongés sur la pelouse, 
contre ta poitrine dorée.
Je t’aime B.B


 mon nez, amoureux, s’écrase sur le piano, 
le juif insoumis ne s’endort jamais, l’esprit crépite, 
les démons se relayent, je ne peux compter que sur moi-même. 


Toi qui m’aime, qui me regarde, qui me prends tel que je suis, comprends bien une chose:
belle gosse mon coeur est fou, fou d’amour pour vous. 


Mes pas dévalent les rues pavées de la capitale, 
chuuut, écoute, 
au fond grogne l’heure du rendez-vous fatale, 
les treize coups de mon existence résonnent sous ton sourire mutin, 
je tape en rythme sur ton beau ventre plat
vos yeux, belle amie, me fixent et me possèdent, venez, on se tire de là..