Un type à l’allure déglinguée approche dangereusement. Ses yeux, bouffés par le virus, ne distinguent plus. Il se repère au bruit et à l’odeur, de vie de trouille, qui émane des corps flippés des survivants que Dieu a épargné, dans sa mansuétude sans fin. Prisonnier de Son propre délire, Il va et vient entre les ruines, satisfait et goguenard, tapotant la tête des chiens que rien n’arrête. Au dessus des crânes grouillants, une lune nouvelle déploie sa croupe – ils sont légions à l’avoir oubliée.
De ses orbites de verre, elle scrute l’Horreur sans piper mot, à quoi peuvent-ils bien songer, se demande l’astre, et la blonde, là, pour qui s’obstine-t-elle ainsi ?
Demain, l’Horreur se relèvera plus fière encore, les hanches calées sur sa monture rouge sang. Fuyez !
pauvres tarés, et lorsque enfin , vous trouverez un matelas où coucher vos corps épuisés, je viendrai grignoter vos songes, afin que votre calvaire soit complet.
Flanquée de ses 2 gosses et d’une rage de vaincre sans faille, Madison s’active de manière démente, filant mandale sur mandale à l’Apocalypse. Immortelle, je vois en elle l’incarnation de la vie, dans sa définition la plus primaire et excentrique, la vie qui nous enfume des décennies durant et pour qui pourtant on continue de se battre, à perdre haleine, les veines bouillantes et dérangées.
S’il suffisait de poser le froid canon d’un flingue contre sa tempe afin de mettre un terme à ses souffrances, il n’y aurait plus un seul humain sur terre. Et pourtant on est là, plus abrutis que jamais, les yeux vissés sur l’armée d’écrans électriques, les membres malades, ankylosés par l’ennui.
Tu ne te sens pas visé?
Je crois que tu devrais. Ni moi, ni eux n’obtiendront jamais Justice.
Nous voici face à un problème particulièrement retord et insoluble, piquant comme l’épine du cactus, ardu comme le temps qui dérape et marque profondément nos peaux.
Je tartinerai ta gueule de sel et de jus de citron, toi qui a volé mon innocence, en voulant t’amuser. Nos corps n’appartiennent qu’à nous, et à ceux ou celles à qui l’ont fait confiance.
Sélectionne ton arme avec soin, et avec plus d’intelligence encore ceux que tu choisis de protéger.car lorsque l’Aube rouge déchirera la nuit tranquille et moite, je briserai ta mâchoire, trancherai tes mains, en rigolant. Pour m’amuser. Comme ça.

Car je ne te dois rien.