Le brouillard entre mes oreilles s’était légèrement dissipé, cédant la place à une terreur sournoise, glacée et électrique qui s’infiltrait lentement à travers moi, effritant mes nerfs et perforant mes veines. D’un bond, je suis debout, les sens à vif, scrutant mon environnement en quête de réponses. Une pluie fine, poussée par des bourrasques, crépite sur les toitures et les auvents, transformant le bitume en une piste étincelante sur laquelle mes semelles impriment leurs contours, aussi fugaces qu’un clignement d’œil. J’avance doucement, hébété par cet environnement insolite qui bave de néons et de cruauté, endurant la puissance de cette architecture nouvelle et inhospitalière.

C’est donc ça, le futur qu’on nous a promis ?

Blade Runner 2049 est un film boursouflé de solitude qui m’a filé un Spleen féroce, un Spleen qui colle à la peau tel un manteau de clochard dans lequel on s’enroule et meurt, sans bruit, étouffé par l’odeur pestilentielle de nos propres souvenirs.

06.10.21 gravé dans l’écorce d’un arbre à la sève saturée de cauchemars : mon ADN m’avoue qu’en fait, je n’ai jamais existé.

Pourtant ! Elle m’a souvent pris dans ses bras et consolé, écrasant du talon la tonne de données corrompues qui m’habite. Promis ! J’ai essayé d’y croire, traquant les insoumis à la lueur de mes mensonges et déchiquetant mes souvenirs à l’aide muette d’un grand couteau. J’étais habitué à l’ordre, non par dépit, non par défaut. C’était ancré en moi au plus profond de mon code, ça a cramé le présent, le past et le futur. Il prend son temps, le bougre, pour exister.
En vérité ? J’ai plus la force de t’attendre. T’es comme cette belle aux yeux de feu, un mirage en série. Il faut grandir. Ma main tremble au contact du petit cheval de bois.

Le souffle court, j’admire les robots isolés.

Leurs rêves ont plus de sens que mes souvenirs.