Velvet Underground (1973) 

Arborant fièrement son symbole « branlette sur les nuages Toxic de la médiocrité », Squeeze dépucelle doucement les esgourdes. Guilleret et punchy du début à la fin, Yule ne lésine pourtant pas sur l’ironie. Pour peu que l’on tende ses tympans à l’extrême, l’évidence nous parviendra par bribes douces-amères : l’intro de Mean Old Man parle d’elle-même. Puis l’album est parcouru de breaks vicieux, qui s’imposent lorsqu’on s’y attend le moins, comme une bousculade par derrière, sournoise, entre deux nappes de grattes chauffées au soleil – d’ailleurs, le second morceau ne s’intitule-t-il pas Crash? Brutal et malsain , aussi fulgurant qu’une Chevrolet écrabouillée contre le tronc d’un jeune platane aux lignes courbes.


Planté au coin d’une rue sèche comme la bite d’un curé, Dopey Joe se crame une cigarette en tétant au goulot du bon vieux Jack. Les guitares se font plus grasses, comme pour souligner l’absence terrible de gonzesses, Yule, petit plaisantin, tu modules légèrement ton timbre de voix, hin? Tu veux nous faire croire que t’as du vécu, d’un coup, que tu piges mieux que nous?
Je vais te dire, mon pote, ptêtre bien que t’as raison.


De l’artwork aux coups secs de batterie, en passant par les titres des morceaux, ton album fouette la rasade sarcastique, celle qui est assez forte pour filer la nausée aux mauviettes mais d’une qualité si fine qu’elle saura contenter le reste.
Vieux pote, je fais partie de ce fameux reste, cadavres conquis, qui planent à chaque écoute. Du bout de la langue, je veux bien toucher ton building, là, pour goûter..