Un corbeau mort, dont le bec sale pointe vers le mur du fond, fascine trois silhouettes qui se rapprochent mollement. L’une d’elle enfonce le bout fatigué de sa basket dans le corps du piaf dont l’âme CRIE. Emprisonné dans une carcasse immobile, l’oiseau de fumée donne de furieux coups de bec dans tous les sens, battant des ailes, désespéré.

Les membres ankylosés par la dope, le jeune à la basket pourrie laisse glisser un peu de poudre en tentant de se resservir ; lors de sa chute, la poussière chimique absorbe les ondes énervées du morceau joué dans la grande salle, pour finir sa course tout contre l’oeil morne du volatile. Au contact de la came avec ses nerfs mortifères, le système nerveux du cadavre se réveil, puisant l’énergie nécessaire à sa renaissance. Gonflé d’orgueil, assoiffé de vengeance, l’oiseau croasse et plante son bec dans le pied du gamin, déploie ses ailes et se tourne vers les deux autres silhouettes, paralysées. De ses griffes de métal il déchire le sweat du plus petit, arrachant des ficelles de chair molle, puis s’attaque avec férocité au visage du troisième, enfonçant son bec dans les joues, picorant le nez, arrachant la peau.

 

Enfin, lorsque les dernières notes s’évaporent dans l’atmosphère chargée en sueur, le corbeau s’éloigne du club , laissant à l’aurore le soin de recouvrir les trois cadavres de son drap trempé de rosée.