Lorsque tes yeux tomberont du ciel, j’assimilerai enfin le doux langage des fleurs. Genoux à terre, je déchirerai les pierres en deux, afin d’y déposer des graines.

Un météore survole l’arrière pays en laissant derrière lui une traînée flamboyante dans le ciel dense.
Au sol, un gosse aux cheveux marron suit du regard la désintégration céleste, une main sur sa poitrine, ravi de pouvoir exaucer un vœu . Il court ensuite en direction du point de chute du caillou, le coeur vibrant d’espoir. La terre, asséchée par des mois de canicule, impitoyable, se meut, à chaque coup de basket, en terribles nuages de poussière.

L’enfant ne stoppe pas sa course, malgré les amas grumeleux qui bouchent ses narines et entravent sa respiration.

Sa mère a dit qu’il était tuberculeux. Un poids de plus dans la poche trop petite du Temps. Les coutures craquent.

En haut d’une bute, un coyote lance l’appel.

Le gamin tombe.

La météorite n’est plus très loin, il entend son âme émettre des sons –

Se lever, alors qu’il avait l’impression de ne pas pouvoir seulement ouvrir les yeux – ses paupières collent, sa gorge lui brûle les sens, sans répit.
Ses mains se boursouflent brutalement, la chair saigne.

Aveugle, il reprend sa course contre la mort, convaincu qu’il l’emportera.

Les vibrations s’amplifient, du sang coule de ses oreilles, il n’entend pas la meute affamée sur ses talons, il se demande comment a commencé sa vie, il en oublie son nom.

Du bout des doigts, il touche la roche venue d’En Haut.

Glorieux sourire immortel de l’insouciance sur le Néant, un coyote croque son mollet droit, deux autres ses omoplates, projetés à l’aide de leurs pattes arrières, sur le dos du gamin.

Sa chair entend, et ce qu’elle entend l’horrifie.

C’est alors que le caillou se gonfle, jusqu’à avaler ce qu’il reste du gosse, crachant au loin les 3 bestioles, mortes sur le coup.

Sa surface n’est qu’un tourbillon brûlant de textures diverses, confondues en une valse mystique, à la fois glaciale et bouillonnante, rigide et molle, monochrome et arc-en-ciel.

Une explosion formidable retentit soudain et sur la surface transformée du caillou se dessine un trou béant, immortel, et de là est propulsé ce qui ressemble à un petit galet marron, lisse et tiède, en direction des étoiles.

« c’est comme boire de l’électricité, et remonter le temps à cheval sur mon propre dos, une canne dans ma main d’enfant, un écho brut d’océan en guise de rire, et je n’ai plus besoin de nom, puisque je fais partie des milliers de cellules éparses qui ont façonné la matière, maman je crois qu’enfin, je comprends la splendeur de n’être tout et rien à la fois, en cercle contre ton coeur de glace, je n’ai plus besoin d’aimer, j’oublie tout, j’apprends tout, j’entends tout sans déranger, je fredonne le silence, j’accepte la douleur et me remplis de bruit, maintenant, je vais m’abandonner à cette expédition… »

Je crois que Mondkopf a réussi l’exploit très rare de jouer la musique du temps et des astres. Musique qu’il avait déjà largement embrassée sur Galaxy Of Nowhere, en 2009.
Les 4 morceaux de l’album s’écoutent comme ils se respirent ou comme on rêve : sans sentir la morsure des mesures fermées, qui trop souvent emprisonnent les sons dans des boucles aux barreaux d’or.
Death Is Not a Lover me donne l’impression de nager aux côtés d’une baleine antique, perdue au fin fond de la galaxie, les poumons écrasés par l’infini.
Growing, je crois que ça fait 10 ans que je l’attends — sorte de prolongement divin de Galaxy of Nowhere, et c’est comme si j’avais pas pris une ride depuis cette époque folle, et c’est comme si on reprenait tout depuis le début.

merci pour ça !