Je veux l’omniscience des fantômes pour rester à tes côtés, chaque instant jusqu’à la fin.
Donnez-moi du poison!
J’avalerai une bouchée pleine, à quelques centimètres de ton corps, afin de mourir dans tes bras.
J’accuse!
Mon âme de s’être scindée en deux.
Cette scission m’a rendue égoïste, j’ai le visage couvert de boue.
âpre et pâteuse, elle me ronge les chairs et liquéfie le cerveau
Pardonne-moi!
J’aimerais m’oublier, me dissoudre, et surtout effacer les traces de mon errance manquée.
Je l’aime et la chéris, la grande faucheuse aux cernes sombres. Ce matin encore, j’ai failli l’embrasser.
Qu’y puis-je?
La courbe de tes épaules, ton souffle parfumé me retiennent.
Pourtant, non loin de là, l’horreur palpite, bouillante et téméraire, déchirant les moissons de feu.
Avec tendresse je mords un bout de ton coeur et le recrache à tes pieds tremblants.
Quitte à souffrir toujours je choisis les contours
et non ta chair exquise de nymphe effarouchée.
Je m’écarte et dans la brume et emporte avec moi le tendre souvenir de tes caresses
J’ai été laissé pour mort dans la morne nature.
Le front couvert de mousse, les reins sanglés par l’aubépine.
D’entre un millier de vaines embrassades je ne recherche que tes lèvres liquides pour m’abreuver.
à l’aube de tes cuisses se tord un petit hérisson.
Aveugle et sourd, il contracte son museau tentant désespérément de se repérer.
Prends garde à ne pas l’étouffer d’un coup de hanches, il est maladroit!
Petite boule piquante aux reflets tristes s’avance en grésillant.
De ta peau sucrée, il se délecte, goûtant tes chairs par minuscules lampées.
Il faudrait une armée d’ogres gras pour l’arrêter, tant il est épris.
Mais ses épines te font souffrir, et tu écartes les jambes.
Un gouffre rugissant de lumière,
d’où bouillonnent des flaques de sang se dessine
dans la toison, happe et avale, le petit hérisson.