Un coup d’oeil vers l’artwork suffirait à mettre l’eau à la bouche d’un bonze dépourvu d’ouïe. Division Ruine et son titre cramé ouvrent les hostilités ,  un type en blouson de cuir nous ouvre les portes de sa caisse rutilante, on s’y engouffre avec plaisir. 
Paradise Warfare, plus langoureuse, agite ses courbes gorgées des rayons du soleil en déclin , peinarde, puis débarque sans prévenir un saxo moite, collé de près par une batterie avide d’en découdre. Le tempo s’accélère, nous entraine dans sa course, pied au plancher brother, l’éternité n’attend pas !

Turbo Killer c’est LA chanson à écouter au volant de son bolide, tôt le matin, à l’heure où les hiboux hirsutes s’endorment, les yeux injectés de sommeil, les mains collées au levier de vitesse. 
Requiem au gout diesel pour les fanas de vitesse, ne vous fiez pas à son ouverture sereine: Le goudron te saute à la gorge, au détour d’un break agité,  arrache ta jugulaire en glapissant, balance ton corps mourant dans un fossé où l’herbe sèche, à présent cramoisie, crépite de te voir crever.

 

Petit coup de mou, Anarchy Road, faut dire qu’il était quasiment impossible de s’en sortir, vu le monstre Turbo qui le talonne. Les vocaux me dérangent, sont-ils de trop?
Le paysage tracé par cet EP  est un peu le mien , je me l’étais approprié. Pas vraiment envie d’ouvrir ma portière pour ce passager importun, heureusement, il n’insiste pas !

Invasion A.D sonne comme une fin de route en précipice, la chute irrémédiable de tout accro au bitume; elle déploie ses derniers kilomètres sur plus de 6minutes, tranquillement ….
Mais lorsque tout semble terminé, joué d’avance par un jet de dés au casino miteux du coin, des coups sourds se font entendre. Regard angoissé de tous les côtés, c’est droit devant qu’une ombre se dessine : Un putain de cavalier d’ l’apocalypse, au volant de sa Buick Skylark 74 ,démoniaque, qui fait beugler la gomme . Du béton écrasé s’échappent des cris d’âmes damnées, et d’opaques volutes encerclent le bolide, habité par les plus immondes intentions. 

Enfoncer l’accélérateur une ultime fois tout en souriant, y’a pas grand chose d’autre à foutre. 

 La force de cet EP, outre son éclatante franchise et sa brutalité hypnotique d’Auroch , est en fait sa linéarité apparente, qui, sans cesse, se retrouve chatouillée par des mélodies efficaces qui font l’effet d’un shoot à l’essence, à la fois âpre et envoûtant. De l’or pour les braves!