À l’orée d’un bois artificiel , où meurent les rossignols ,
une silhouette s’allonge, à demi nue, dans l’herbe fraiche. 
Sous le creux de ses genoux pliés, galopent des petits animaux aux poils entrelacés,
dont les pattes grattouillent le sol à la recherche d’insectes – providentiel repas en ces temps de disette.

À l’instar de ces mammifères affamés, la silhouette sort lentement un disque de la poche du sombre manteau posé à même ses épaules, en soupirant. Les oreilles en sang, l’esprit brouillé, ses doigts caressent l’objet de la dernière chance, une inquiétude délirante au fond du regard. La lèvre pendante, la voici qui ouvre son lecteur cd d’une main fébrile, afin d’y insérer l’enregistrement. 

Un lièvre au pelage troué par la torpeur renifle le casque, posé aux pieds de la jeune femme . Les oreilles lui tombent sur les yeux, il n’a plus beaucoup de dents ; il décide de faire une halte, pour écouter.. 

À genoux, en larmes parmi la verdure étrangère, la jeune femme aux jambes de feu serre le corps de l’animal contre son visage mouillé. 

à quelques pas de là, une rivière à l’ondée pure et rafraichissante, entame un air cristallin , entendu un peu plus tôt, dans la clairière..