She, a Chinese a des airs de docu animalier. Une vie, de Maupassant retraçait habilement la flegmatique avancée de Jeanne dans une existence morose et molle, larve pré-pubère qui n’atteindrait jamais le libre et convoité statut d’éphémère. Mei, quant à elle, est une tortue. Une tortue qui, sous ses traits hermétiques, rêve d’Ailleurs. D’une ville, tout d’abord. Puis d’un pays. Mais il est compliqué, petite Tortue, de se mouvoir librement dans cette existence qui a tout d’un Zoo. La mère porcine couine, agresse et salit toute ambition. Goret ronchon qui s’endort au fond d’une assiette, au grand dégoût de l’immigré trouillard, parti se réfugier dans une religion qu’il ne comprend pas. Crissement de pneu boueux. C’est au tour du Gorille, bestiole pataude et misérable, de t’enquiquiner. Des écouteurs sur les oreilles et un sac à dos qui mange la moitié de l’écran, Tortue Mei s’aventure en ville, pénètre sans le savoir dans l’antre du Dragon. Sans aucun doute ma partie préférée du film, celle où les dialogues se perdent et où les corps s’abandonnent, un feu divin léchant les cadres, les passions se déchaînent, Mai découvre l’amour sous une page d’Avril et se sent comme un serpent dans l’eau. Mais. Le reptile lui même n’est pas totalement libre, rattrapé par des mains humaines qui peuvent l’aimer, le blesser. à Mort. La page du calendrier pour pansement, Mei explore London, rencontre un vieux chat incapable d’aimer, de faire l’amour, une présence, qui s’évapore. Et l’âne un peu idiot, beau mais énervant, qui ne la comprendra jamais. Une Chinoise se cherche, découvre, mais ne peut vivre que dans l’attente. 9 mois plus tard . . .