Werner Herzog – 2009


Un titre tout en parole, les derniers mots de l’Être par qui est né le
Monstre. A moins que ce murmure ne vienne d’en haut, comme l’insinue le
troupeau de nuages amassés au dessus du fils. Obsédé par les oiseaux
terrestres , mariés à la poussière pour l’éternité, Hanté par la grâce,
l’enfant terrible annone des paroles incohérentes à la face de sa
dulcinée , à la masse cette gamine, aveuglée. La maison flamants roses,
coulisse d’un théâtre permanent, se retrouve, un beau matin de
printemps, en état de siège. Tout le quartier est en alerte, Il a frappé
dans la baraque des voisins, Herzog s’engouffre dans une gigantesque
faille temporelle au goût folie et nous entraine dans les rapides, bien
décidé à nous faire boire la tasse. L’aisance du réalisateur pour nous
dépeindre des personnages improbables ne faiblit pas, bien au contraire.
Taillés à même le vice, les voilà qui s’immiscent sur la scène de
crime, vaguement interrogés par l’inspecteur au regard d’acier. Tous ont
trempé dans la liqueur divine et trimballent , de plan en plan, les
séquelles causées par un Michael Shannon en grande forme. Il a beau être
seul contre le monde, sa silhouette est celle d’un prophète aux
multiples confessions et son anatomie tout entière, de la pointe de son
sabre au bout de ses cheveux bouclés , annoncent la prophétie :
l’Histoire se répète, sorte de sphère couleur ballon de basket, et le
flambeau doit être passé. Mais à quel prix?