Gaspar Noé – 2015 

Hublots lourdingues en équilibre instable sur le nez, main
sur l’élastique du pantalon, balance la sauce Gaspar, on frétille du
caleçon.

L’affiche baveuse au goût tendresse est à l’image du film : bancale.
Le cliché t’allume sans réelle classe, puis te léchouille vaguement le
creux du cou, pour s’effacer dans un souffle – relent de foutre
électrique au fond de la gorge, poils hirsutes et indisciplinés en guise
de souvenir, la nuit s’annonce sanguinaire.
Une bonne moitié du film est à jeter : préservatif souillé, lourdé
contre un trottoir, l’ouverture manquée fait figure de préliminaires
malingres, bâclés.
Malgré ces débuts difficiles , et à l’instar du couple exalté, le film
prend peu à peu confiance en lui ; le bougre s’aventure en terrain miné,
ENFIN!, soulevant les filles , déliant les langues et broyant
les chairs à tour de bite, ne devenant passionnant que lorsqu’il
transgresse ses propres règles : mi-trash , mi-niaise, la pellicule se
gonfle d’orgueil lors de quelques passages romantiques improbables ( un
simple dîner, une promenade), puis écarte allègrement ses cuisses afin
de nous éblouir le temps d’un ébat mieux troussé qu’un autre. Gaspar Noé
a beau nous proposer un film d’une vaine vanité, dont l’égo
sur-dimensionné ruissèle à perdre haleine , l’alchimiste des sens épate –
une fois encore- tant la technique est maitrisée. 

Love
s’éclate à nous prendre en levrette : la position est familière, le
plaisir inconstant; pourtant, bien après la séance, à la lueur d’une
ampoule grésillante , il ne serait pas étonnant d’apercevoir, sur le
ventre d’une conquête aux cheveux ambrés, l’ombre sibylline de Murphy,
errant sur la chair laiteuse de l’amante dont le destin est scellé ..