Lucio Fulci – 1979

Emberlificotée contre l’orbite d’un corps putride, une poignée de vers grignote – grignote – grignote et se tortille au son entêtant des percussions vaudous. La mélopée résonne à l’intérieur de cette boite crânienne fondue, cadavre dégueulasse, recouvert d’une terre aux relents de Mort, boum – boum – boum un métronome taré bat la mesure, (splendide travail sur la musique et les effets sonores) affolant toujours plus les rescapés : la trouille lèche leurs corps baignés d’une sueur au goût de sable, car oui, le décor est tropical. Ile mystérieuse et condamnée, eau capricieuse, reflets turquoises, Lucio Fulci a parfaitement choisi son cadre, le modelant au gré de ses envies les plus malsaines. Susan, seins nus, sanglée au maillot , frétillant appas, affrontera seule (et la première) cette démesure. Olga Karlatos n’est pas en reste, bien au contraire : ses apparitions sont certes peu nombreuses mais dégoulinantes d’effroi. Ainsi, l’exquise silhouette aux hanches folles s’approprie la plus géniale séquence du film , le corps pressé contre cette porte vermoulue, bataille acharnée de l’Ombre à la Lumière, elle qui, quelques instants plus tôt , invitait inconsciemment l’horrible créature à la dégustation -visuelle d’abord- de sa chair. Tisa Farrow se montre plus discrète, ne dévoilant que rarement son anatomie, ses émotions..  par souci de prudence, peut être?

 D’entrée de jeu l’hémoglobine envahit l’espace, éclaboussant les âmes à
jamais contaminées de ces pauvres bougres embarqués dans cette terrible
histoire mais également celles des spectateurs hébétés. L’idée est de
nous montrer qu’aucune cachette n’est fiable.. c’est pas un pauvre écran
‘télé qui va nous protéger, l’océan, des médecins ainsi qu’une flopée
de flingues n’y sont pas parvenus,alors pense-tu que ta zappette suffira
à repousser la menace.. Et puis cette musique entêtante qui s’imprime
dans les esprits, un thème en apparence tranquille qui ne révèle toute
sa puissance qu’une fois le générique de fin achevé… A l’instar de
l’hôpital/sanctuaire de l’île, là où le virus se gargarise de chair et
se propage avidement sur les visages apeurés, le film lui-même semble
être porteur de cette effroyable vérité : la folie d’un petit nombre ne
connait pas de limite à la Terreur de tous les autres.