Eric Rohmer – 1962


 
Le lion rugit sous une nuit sans étoile, les astres de l’indolence luisant au fond de ses yeux, dilapidant une fortune qu’il ne possède pas.. Costume taché, symbole de son errance sans fin dans cette ville agressive, Paris l’oppresse, les foules contre son corps, les femmes contre son coeur, le roi des animaux rumine, perdu dans son immense cage aux barreaux sculptés dans le bois Paresse. Milles occasions s’offrent à lui, mais il est trop pataud pour les saisir, borné dans son inexistence, à la fois timide et rayonnant, d’une sorte de rage enfouie sous ses traits d’ours triste, il boite, la patte nue, le froc taché. Rohmer signe une terrible ballade de l’homme en perdition , main dans la main avec l’impressionnant violon faussé, âpre symbole d’une soirée où tout a basculé.. Le vent tourne, guidé par la musique, et d’un bond, un seul, le lion réintègre sa flegme stupidité d’antan. Brillant personnage.