Hayao Miyazaki – 1979
À la vue de la délicate princesse emprisonnée, le voleur se mue en Chevalier facétieux, guidé par des pulsions romanesques ; Miyazaki esquisse avec finesse l’amour naissant de ce couple improbable. De leurs regards, de leurs caresses, éclot un équilibre dévoué, de toute son âme à leur juste cause.
Le rythme soutenu du film n’est jamais un frein au plaisir pur. Lupin s’agite certes beaucoup, mais chacune de ses oscillations finit toujours par trouver une finalité, qu’elle nous fasse rire ou nous étonne. Les personnages jouissent d’une liberté de mouvements hallucinante – le château du terrible Cagliostro devient le théâtre de tous les possibles: truffé de pièges, de passages secrets et protégé par une armée des Ombres fascinante, l’on passe d’une pièce à l’autre en un soupir, guidé par deux flux perpétuellement en mouvement : l’eau et l’amour. Le réalisateur, mécanicien du rythme, s’amuse à faire contraster les scènes de bastonnade générale avec les scènes plus intimes, où Lupin se retrouve face à un interlocuteur unique, que ce soit sa promise, son rival, son alter Ego de flic ou bien le chien, symbole de son échec passé, mais également de sa renaissance. On le découvre alors plus maladroit, plus attentif, tentant gauchement de cacher son dévouement par d’innombrables contorsions.
Tout le film repose sur cet équilibre fragile d’horloger, façonné de contrastes, et c’est sur les aiguilles de la grande Tour que le maître voleur dévoilera son âme, l’oeil pétillant, fixé sur l’horizon.