A pas feutrés, entre les câbles, le chat s’avance; matou roussi fugueur, félin furtif, sans peur. Son ombre, dégoulinant de fluides poisseux, dresse son immense crâne aux contours phalliques par dessus l’épaule d’Harry Dean Stanton, tout juste purifié d’une gorgée d’eau salvatrice, merveilleuse scène où la caméra, affranchie de toute pesanteur s’aventure avec une grâce céleste dans l’atmosphère. Puissant cri lâché des profondeurs, regards apeurés des humains fais comme des rats, qui, lorsqu’ils ne se font pas déchiquetés de face, se déchirent de l’intérieur. Naissance brutale de la peur originale, grésillements fous d’un robot taré, l’image est moite, l’atmosphère mouillée, les regards fous nous montrent un portrait sombre et métallique de ce qui pourrait être LE voyage de ce siècle, balbutiement primitif d’un embryon gluant, dont l’unique but est de trouver la mort.