
Everyone in town is crying.
Sa mémoire tente de se frayer un chemin jusqu’aux frontières de son esprit. Electrifiée, la cicatrice s’étire, gonfle et gratte; il tente d’y remédier en s’enfonçant le canon d’un flingue par les yeux : son globe oculaire est froid comme une cuillérée de glace à la vanille.
Celui qui refuse de voir la vérité refuse également la beauté qui va avec ; package prémium pour Cyborgs augmentés. Ça m’a fait rire, quand il s’installe tranquillement dans son appart bien agencé, avec toujours ce chien, si cher à Mamoru Oshii, qui rase le sol et manque de se prendre les pattes dans ses oreilles tombantes.
Dans la chambre froide, un tout autre spectacle se joue. Des centaines de robots désarticulés pendouillent à des crochets de métal, sorte de gigots mornes aux rainures farcies d’amertume. Les morts ne mentent pas, ils n’ont plus personne à impressionner. Le film de Mamoru Oshii, lui, crâne à s’en rompre les vertèbres. Les bouches voraces débitent un sacré lot de machins philosophiques pas toujours raffinés, à l’image de Batou et ses manières d’ogre sanguinaire. Le bourrin du cyborg contraste avec la finesse des décors et des effets sonores. Dieu que tout ça est maîtrisé !
Innocence montre les crocs, nous mord le bras et nous entraîne dans un univers fou, grisant : the mind of Oshii.
L’Homme Cyborg à la mémoire d’Or.
